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Mad Men

Le début des années 60 : la folie des hommes !

mercredi 22 août 2012, par Eric

Mad Men est une série qui retrace la vie d’une agence de publicité à New York au début des années 60...

Très bien filmée, dans un rythme lent, avec des personnages fouillés, elle se laisse regarder avec plaisir, même si parfois j’aurais envie qu’il se passe quelque chose....

En tout cas, elle a l’avantage de replonger dans la mémoire de ces années-là. Encensée par la critique pour le réalisme de la reconstitution, elle m’a parlé de mon enfance, sans que je sache trop dire comment. Les robes ? Les maillots de bain ? Les voitures ? Le ton de la TV ou de la radio ? Je ne sais pas trop. En tout cas, quelque chose de touchant.

Mais aussi de la colère. Les relations hommes-femmes : soit belle et surtout ta gueule. Elle ose dire un mot ? C’est une crise d’hystérie ! Elle ose porter une jupe courte ? C’est une salope. Elle ose avoir envie de faire autre chose que taper à la machine ? Mais mon petit, c’est un métier d’homme, ça ! Ils sont payés 200 $ la semaine, elles touchent 35 $. Ils draguent, couchent, sortent sans jamais rendre de compte, elles se font engueuler si jamais elles ont l’imprudence, le culot, d’ouvrir la porte à un commercial qui fait sa tournée. Répondre elles-mêmes au téléphone est aussi un crime de lèse-statut de dame de bonne famille. Un enfant hors mariage casse l’avenir. Bref, un univers où les hommes ont tous les droits.

On aperçoit cependant comment le pouvoir des femmes s’exerce : pas de repas, pas de sexe, inviter sa mère pendant 15 jours, l’entraide avec les amies... Malheureusement, je pense que ce pouvoir est très sous-évalué dans la série. Les femmes sont présentées comme des nunuches heureuses qu’un homme leur mette la main au fesses en les appelant « ma jolie » , ou au contraire drapées dans leur vertu de femme mariée. Bref, des petits robots pas si vivants. Dans mes souvenirs, les femmes de ma famille avaient plus de puissance. Les hommes élevaient bien la voix, mais au final, magiquement, on faisait le plus souvent comme les femmes avaient décidé... Le pouvoir était moins visible (pas de grande décision annoncée à voix haute) mais bien réel.

J’ai souri (jaune) quand j’ai vu la présentation de l’homosexualité. L’homme (marié, forcément marié) qui drague discrètement un collègue, un client. Qui est « tout chose » quand ce dernier vient partager un repas à la maison (avec la femme, évidemment). Un territoire enfermé, plus encore que les femmes, où le plaisir se limite à l’échange d’une étincelle de désir. On voit bien qu’ils passeraient volontiers à l’acte, mais il y a tant de risque à tomber sur un refus, une possible dénonciation, que rien n’est possible au delà d’allusions si voilées qu’il faut être immergé dedans pour les percevoir. En même temps, les hommes entre eux n’hésitent pas sur les blagues « viriles » qui parlent de flou identitaire : « tu vas être toute belle là dedans, Franck » . On pourrait dire que quelque chose est sous pression dans l’inconscient collectif. Pourtant, si je me souviens bien, les événements de Stonewall datent de 69 (émeutes dues à une descente de police brutale dans le Stonewall Inn, un cabaret gay, en juin 69 à Greenwich Village, New York. les Gay Prides commémorent à travers le monde cette première insurrection homo), il existait une vie gay underground, faite de lieux de rencontre transmis par le bouche à oreille. La série n’en fait pas mention...

Colère enfin, devant l’inconscience écologique absolue. A la fin d’un pique-nique, on secoue la nappe pour disperser non seulement les miettes, mais aussi les emballages, assiettes, gobelets dans le champ. Une femme enceinte boit, fume (et pas qu’un peu). La cigarette omniprésente, 2 paquets par jour et par personne, partout, tout le temps. Le rire quand ils rigolent des craintes à propos des risques du tabagisme (comment ça pourrait faire du mal ??? Ceci étant, je me souviens avoir entendu mon père discuter avec un pote au garage et tomber tous deux d’accord sur le fait que la cigarette ne pouvait pas faire de mal tant qu’on ne fumait pas pour calmer sa nervosité - oui, c’est ça : le goudron mesure la nervosité et quand elle est en dessous d’un seuil, la petite molécule se dit dans son petit cerveau qu’elle va gentiment aller voir ailleurs, ce serait dommage d’embêter quelqu’un d’aussi serein... Naïveté d’une époque toute puissante, sans doute). L’alcool qui coule à flots continus (l’avantage de cette agence : elle offre les bouteilles d’alcool dans chaque bureau !!!!). La voiture, figure centrale. Et l’indifférence totale à l’environnement, aux pauvres. Le monde a été créé pour l’homme (accessoirement la femme, mais sois belle et ta gueule) qui peut tout faire de ses envies. Qu’un animal, une espèce, en souffre ou disparaisse n’a aucune importance. J’ai déjà lu quelque part que la foi était une explication à ce délire : le monde fut créé par dieu et l’homme, fourmi impuissante face à sa création ne peut rien faire qui porte une réelle atteinte. Mais on voit bien ici que l’empathie nécessaire pour mesurer les conséquences de ses actes est absente. L’inconscience, l’indifférence règnent en maîtresses.

Une époque toute-puissante, naïve, macho, centrée sur l’homme et ses croyances, si bien rendue au fil des épisodes.

Messages

  •  Kurt : Peggy, 8h ce soir ?
     Peggy : Je vous demande pardon ?
     Kurt : ce soir, pour notre petite sortie
     Peggy : ah oui, très bien !
     Russel : Oh oh, Peggy et Kurt dans le Village...
     X : bah t’inquiète pas, vous faite un très joli petit couple
     Kurt : Quoi ? Vous croyez que Peggy et moi....
     X : Hé hé hé oui !
     Kurt : Mais... Je suis homosexuel

     Russel : Euh, c’est très marrant, mais quelque peu déplacé
     Kurt : Non, c’est vrai, je fais l’amour avec des hommes, pas avec des femmes. Peggy, 8h ce soir ?

    Gros malaise...

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