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Lâcher le contrôle

mercredi 15 juillet 2009

Lundi, je rangeais mon bureau.

Il y a avait plusieurs choses, dessus, parmi lesquelles une petite carte rose marquée « Fête du Cinéma » et une pochette de CD, « La Semaine du Disque » , une compil de 1992 (ciel !).

En voyant la carte rose, je me suis dit que j’avais oublié de dire à Marc que je l’avais retrouvée. Mais en même temps, je voulais ranger ce CD. Le prendre en main a réveillé plein de souvenirs. En une seconde, je me suis revu sur la route de Genève, les dimanche soirs de 1991-92, écoutant quelques morceaux fétiches, dont ce disque.

L’émotion me parlait, et j’ai senti que je restais attaché à ces chansons.

Je me suis approché de Marc, et je lui ai dit en montrant la carte rose : « t’as vu, j’ai retrouvé ma carte de la fête de la musique ! »

Il m’a regardé un peu surpris : « tu veux dire la fête du cinéma ? »

Grrrr, oui, la fête du Cinéma... Je m’en suis voulu de cette confusion supplémentaire. Depuis le mois de juin, ça n’arrête pas. Je dis un mot pour un autre, sans arrêt, des dizaines de fois par jour. Je me concentre très fort pour éviter ça, je vérifie mes phrases, je les répète dans ma tête avant de les là¢cher, mais dès que j’oublie, paf ! les mots viennent se mêler dans le désordre.

Je suis en colère et j’ai peur. J’ai presque l’impression d’être en pleine confusion mentale. Je deviens gâteux ? sénile ?

Mais cette fois, j’ai été un tout petit peu plus loin : j’avais le Cd dans une main, la carte rose dans l’autre. Et j’ai pensé « tient, juste avant de dire ça, je pensais à la fois à la musique du CD et à la carte du cinéma » .

J’ai retrouvé en moi le court-circuit des mots : la carte de la fête du cinéma, le CD dont j’aime la musique...

Je me suis revu. Loin dans le passé. J’avais 7 ans, 8 peut-être.

J’entends une voix qui me dit (m’ordonne sèchement) de faire attention à ce que je dis, de me con-cen-trer.

J’ai retrouvé mon émotion, ma honte de cet instant : j’étais traité comme un débile pas capable de faire une phrase correcte alors que c’était juste les idées qui se bousculaient.

Je me suis revu, décider volontairement et fermement que cela ne se reproduirait pas, que personne ne me referait subir pareille humiliation. Je me revois « me faire quelque chose » à l’intérieur.

Me ralentir ? Mettre un contrôle ? Mettre une barrière devant les phrases pour les vérifier avant qu’elles sortent ? Un peu de tout ça, sans doute...

Et je me vois en ce moment enlever ce contrôle. La barbe, les contrôles. La barbe, l’énergie dépensée pour rien à vérifier que chaque mot sera le bon, bien dit, bien conjugué, bien accordé, pour oser le sortir.

Si je fais des fautes, quelle importance au fond ? Vaut-il mieux une bonne orthographe et une grande contention ou une sale syntaxe et une grande liberté ? Moi je choisis la liberté !

Alors, si votre choucroute vous fait mal au pied, je vous propose de manger vos sandales, vous serez moins enfermés, et vous digérerez plus tranquillement !!!!!

Messages

  • là¢cher mes mots a toujours été pour moi un de mes grands plaisirs intimes.

    Que ce soit avec la plume d’or offerte par mon mari pour la naissance de notre premier enfant, le crayon à papier de mes enfants, les stylos de couleur des étudiants de ma famille, sur du papier tissu, du papier toilé, recyclé, de brouillon, à petits carreaux, avec ou sans lignes... de ma plus belle écriture ou de celle des nuits blanches au fond d’un hôtel....

    Les mots partent, fusent comme sur le divan d’un psychanalyste...sans liens, souvent incompréhensibles pour celui ou celle qui les recevra... Ils sont toujours pour quelqu’un(e)... qui saura les prendre tels quels juste parfois pour entendre la musique émotionnelle qu’ils portent, sans que le sens en ait grande importance. Ce n’est que parce que je sais que aucun jugement, aucune note, aucune interprétation, aucune analyse, ne sera faite que ces mots partent vers d’autres et en réponse je n’ai que "j’aime te lire"... et c’est vers eux(elles) que partent mes plus beaux mots.

    J’ai le bonheur d’avoir des boites à lettre, alors si tu en as aussi, oublie le regard par dessus l’épaule qui jauge, qui juge. La concentration, oui pour le boulot... Etre centré sur soi, ses mots centrés sur ses émotions et leurs court-circuits pour être avec l’autre, moi je trouve que c’est souvent, presque toujours un grand plaisir bien que rare.

    J’ai découvert il y a quelques années un auteur qui me bouleverse, c’est un magicien des mots, de la phrase... Son écrit que je ressens très atypique, me traverse avec une force émotionnelle rare... Chaque mot posé sur le papier ressemble à une goutte d’eau qui coule vers l’autre, forme un ruisseau avant de devenir un torrent émotionnel quand j’entre dans ses phrases. Si tu me demandes de quoiqu’il cause : j’en sais rien... Peut-être est-il concentré pour écrire ainsi, moi je le ressens juste inspiré par ...le rien ou le tout... Il semble là¢cher ses mots comme un nuage là¢che la pluie... comme du fil qui se déBOBINe sous les griffes de velours de la vie...

    LOU

  • BOBIN....

    Lou, comme je partage ton point de vue, si bien décrit avec TES MOTS

    découvert à 18 ans, en cours d’allemand, me suis mise à pleurer en classe en lisant les 2 premières pages de "la plus que vive"...
    cet auteur me bouleverse encore et toujours

    Siloé

  • Je me lève ils se lèvent

    je me couche ils se couchent

    Où que je sois

    ils sont là aux quatre coins de mon humeur

    J’ai tellement besoin des mots

    de tous ces mots

    qui dansent qui valsent qui s’échappent

    les mots goutte à goutte jongleurs de la lune

    les mots à la bouche les mots pour le dire

    que l’on voudrait avoir à soi pour soi près de soi

    les mots qui étonnent détonnent électrisent

    les mots des Grands les gros les grands mots

    les mots du café d’en face qui sortent après minuit

    les mots qui font mal les mots qui passent

    les mots tout petits pour les tout-petits

    les mots de la première fois

    les mots éternels qu’on n’ose pas dire parce que c’est l’autre

    les mots si beaux si ténus qui font toc-roc et tic-tac

    les mots doux les mots de Mai

    les mots qui jouent les mots qui se donnent rendez-vous

    sur des balançoires et des musiques

    D’un regard un seul

    je les soupèse je les retourne

    je les pâte à modeler je les avale

    je les laisse je les reprends je les titille et je les déshabille

    brusquement l’un après l’autre au hasard des secondes

    et il, deviennent diamants du jour ou amants de la nuit

    Faut-il écrire ? Faut-il parler ?

    Plus j’attends plus c’est la nuit et sa bande de mots

    qu’on redoute et qu’on connaît par coeur

    Les menhirs les caméléons les sourds-muets

    les passés la date à la gueule défoncée

    les vicieux anonymes assoiffés de sang vierge

    les justiciers les éclopés d’âme

    qui pètent plus haut que leurs culs

    et qui couchent avec une année de sentiments

    ceux qui vous empêtrent ceux qui éclaboussent

    ceux qui se cachent dans le blanc des yeux blancs

    qu’on dira plus tard et que plus tard c’est déjà trop tard

    Il est 5 h 32 !... Vous manquez d’humour

    Moi ce que j’aime ce sont des mots

    qui sentent qui tourbillonnent sitôt dits sitôt faits

    les mots de la chance les youpi les hop là 

    avec de la crème chantilly

    les inattendus les nouveaux les rigolos

    comme des fruits comme des mangues

    qui rendent ivres

    ceux qui font vrai ceux qu’on agite

    et patatras au bout de la langue se coincent sur le quai

    d’une gare

    ceux qui donnent courage puis qu’on envoie comme des filets

    sur les passants qui se marchent sur les pieds pour les attraper

    les mots fous les mots de paix les mots à fleur de mot...

    Comme je vous en veux parfois de n’être que des mots ...

    Mais qu’est-ce que je vais faire de vous ?

    Une histoire ? une prison ? un poème ?

     Non ! Pas de poème !

    J’ai trouvé

    je ne ferai rien

    ... Je continuerai à parler !

    In « Mots-Maux  » Philippe Seurin

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