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Laurence, ouvre les yeux !

mercredi 30 novembre 2011, par Eric

Allez, encore un « point de vue » paru dans le Monde, le 30/11/2011. De Mme Parisot, présidente du MEDEF. J’étais attiré, pensez donc : enfin quelqu’un qui proposait de créer d’urgence les Etats-Unis d’Europe (ouais, enfin, un autre nom pourrait m’aller mieux). En l’ouvrant, j’avais quand même un doute : vu le personnage, elle allait sans doute nous proposer une Europe ultra-libérale, décomplexée, prête à asservir un peu plus les gens pour enrichir les riches... Mais bon, qui sait, elle avait peut-être été touchée par la Grâce ?

Eh bien non.

J’ai sursauté dès le premier paragraphe : Rétrospectivement, la complaisance à l’endettement est stupéfiante. Ce qu’il aura fallu de naïveté, de court-termisme, de déni et au total d’irresponsabilité pour emprunter toujours plus sans se préoccuper de la création de richesses en regard apparaît aujourd’hui choquant et inacceptable. Mais, pour étendre notre Etat-providence encore et encore, que n’aurait-on pas fait ? L’état-providence aurait donc été étendu encore et encore ces dernières années. Ah ben, ça, chuis ben heureux de l’apprendre ! Les déremboursements de médicaments, les hausses de taxes, l’exonération de frais de succession pour les plus riches, le gel des salaires dans la fonction publique, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, la politique anti-étrangers poussée à un point inimaginable, le tout-sécuritaire, les cadeaux de TVA aux bars, la retraite qui n’en finit plus d’être retardée, les impôts recalculés pour mieux favoriser ceux qui n’en ont pas besoin, la délestation de mission sur les collectivités locales (sans transfert de ressource, d’où augmentation des taxes locales), la suppression de la taxe professionnelle, et bien d’autres qui ne me reviennent pas en tête là, tout ça, ce serait l’état-providence ?

Français, que vous étiez donc niais, vous qui croyez que la précarité augmentait, qui pensiez que votre train de vie diminuait, qui imaginiez qu’on s’en prenait à vous (et à votre portefeuille) de mille et une façons mesquines ! Oui, il fallait donc être bien bête pour ne pas comprendre que tout cela c’était en fait les dividendes louables d’un état préoccupé de votre bien-être...

Elle nous prend pour des cons ou quoi ? Ah ben oui sans doute, elle le dit même clairement : « L’opinion est inquiète de voir l’agitation ou l’affolement alentour, perplexe de ne pas en comprendre toutes les causes » . C’est ça, on comprend pas ! Et si en fait on comprenait très bien que les actionnaires, les patrons, les spéculateurs, tellement pressés de s’en mettre plein les fouilles et bien peu embarrassés de nous presser le citron, avaient fini par ravager l’économie - nos économies, dans tous les sens du terme ? Peut-être, Madame, comprenons-nous parfaitement que nos politiques et nos entrepreneurs - enfin, pas tous, je l’espère encore - ont plus à cœur de disposer du pouvoir et de l’argent que de remplir leurs missions !

Pour la conclusion, cependant, je rejoins l’analyse de Mme Parisot, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons. Elle prône les Etats-Unis d’Europe pour avoir - conserver ? - du pouvoir face aux autres « blocs » , et pour éviter qu’un éclatement de la zone euro ne vienne appauvrir les états européens « pour des décennies » , avec la menace d’une troisième induite par la concurrence féroce que nous nous livrerions les uns aux autres. Pour ma part, je prône un fédéralisme européen en premier lieu pour accroître la démocratie (l’UE repose sur nombre d’institutions non élues), démocratie unifiant des peuples qui ont une histoire, une culture et un avenir communs. Car quoique nous en pensions, nous avons toujours été les uns pour les autres les premiers partenaires. Depuis la préhistoire, l’histoire des hommes - et des femmes ! - s’est construite dans toute l’Europe. Dans l’Antiquité, Rome importait de l’artisanat - et des esclaves !! - gaulois après pendant que les Grecs importaient du fer anglo-saxon. François 1er fit venir Léonard de Vinci à Amboise, pendant que Christophe Colomb, né à Gênes, se mettait au service de la couronne espagnole pour découvrir les Amériques. Van Gogh, né aux Pays-Bas, vint s’installer en France, alors que Victor Hugo s’est exilé à Guernesey, au Royaume-Uni. Les européens, très tôt, se sont développés et ont grandi ensemble. Il n’est que logique que ce développement se poursuive par la construction d’une grande nation commune. Nous avons bien plus en commun qu’une simple monnaie. L’euro n’est qu’une brindille sur le cours de cette construction, une bien fragile brindille comme nous le prouvent aujourd’hui les « marchés » . Il est temps pour nous tous de nous retrouver autour d’une même table, d’un même Parlement, pour qu’enfin nous puissions nous regarder en frères et construire ensemble notre avenir.

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