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ans cet article, Michelle Larivey explique l’importance que revêt la conquête de la liberté d’être soi-même et son omniprésence dans nos relations avec les autres. Elle explique aussi comment il est possible de devenir conscient de cette démarche, habituellement faite à travers des "patterns" relationnels qui débouchent sur des noeuds. Enfin elle explicite comment on peut prendre en main ce cheminement et rendre nos tentatives de croissance plus efficientes.

dimanche 21 août 2005, lu 1147 fois

Transfert et droit de vivre
Par Michelle Larivey, psychologue
Cet article est tiré du magazine électronique La lettre du psy Volume 3, No 5 : Mai 1999
Résumé de l’article

La liberté intérieure qui nous permet d’être nous-même ne peut se transmettre : on la conquiert. Quelles sont les étapes de cette conquête ? Comment se fait-elle ? Quelles sont les écueils les plus fréquents et les obstacles les plus courants que l’on rencontre à chaque niveau de cette quête de soi ?

Dans cet article, Michelle Larivey explique l’importance que revêt la conquête de la liberté d’être soi-même et son omniprésence dans nos relations avec les autres. Elle explique aussi comment il est possible de devenir conscient de cette démarche, habituellement faite à travers des "patterns" relationnels qui débouchent sur des noeuds. Enfin elle explicite comment on peut prendre en main ce cheminement et rendre nos tentatives de croissance plus efficientes.

A. Introduction

Quelle que soit notre éducation ou notre personnalité, nous cherchons tous, à un moment de notre vie, à atteindre cette liberté intérieure que j’appelle le droit à l’existence. La croyance populaire veut que cette capacité d’être nous-mêmes nous soit léguée par des êtres qui nous aiment. Ces personnes sont d’abord nos parents puis nos amoureux et plusieurs êtres qui prennent de l’importance dans notre vie. En réalité, ce n’est pas ainsi que cela se passe. Cette liberté, il nous faut la conquérir.

Cette conquête se fait par étapes. Chacune d’elles correspond aux niveaux de transfert que nous avons décrits dans le chapitre portant sur la résolution du transfert. Ces trois étapes sont les suivantes : la recherche du droit à l’existence, la recherche d’une identité distincte et la recherche d’une identité sexuelle.

Chacune correspond à une problématique particulière et présente un degré de complexité suffisant pour que nous lui consacrions un article complet. C’est pourquoi il ne sera question, dans ce texte, que de la première étape de cette recherche de soi : celle de la conquête du droit à l’existence.

B. Le transfert

La conquête du droit à l’existence ou la résolution du transfert de premier niveau se fait à travers nos relations avec les personnes importantes de notre vie. Elle commence avec nos parents et se poursuit avec diverses personnes qui prennent une valeur particulière dans notre vie. J’ai déjà décrit la place énorme que prend la conquête de ces trois droits dans nos vies ainsi que les impasses de cette démarche. (Voir Le transfert dans les relations et Aux sources du transfert)

On appelle relations transférentielles les relations actuelles dans lesquelles nous reproduisons des modèles de comportements développés avec nos parents. En Auto-développement, nous considérons que les efforts déployés dans ces relations pour "avoir le droit d’être nous-mêmes", sont des tentatives de "résolution" de nos transferts. Tout se passe comme si l’organisme ne pouvait tolérer que nous ne soyons pas entièrement capables de nous respecter, seul et avec les autres. Une force nous pousse à gagner cette liberté.

La recherche du droit à l’existence est fondamentalement liée à la vie humaine. C’est pourquoi nous sommes constamment à la recherche de personnes significatives avec lesquelles faire ces tentatives. Sans nous en rendre compte, nous utilisons toutes les situations possibles pour le faire.

La recherche du "droit d’être" nous fait vivre, à certains moments, des expériences palpitantes, comme l’amour fou. Mais elle nous entraîne parfois dans des expériences misérables comme des conflits qui s’éternisent ou des séparations douloureuses. Pourquoi ? C’est d’abord, parce que nous la faisons toujours en relation avec des êtres qui sont importants pour nous. C’est aussi à cause de notre manière de le faire qui est similaire à celle que nous utilisions jadis (et parfois encore) avec nos parents. Même si cette méthode a toujours donné de piètres résultats avec ces derniers, nous reproduisons aujourd’hui les mêmes scénarios. Ils nous conduisent encore à des frustrations qui ont le même goût que celles du passé. Enfin, c’est aussi parce que son enjeu est crucial que cette recherche nous entraîne dans des expériences aussi fortes.

C. Le droit à l’existence
1- Ce que c’est

Avoir le droit d’exister c’est vivre avec la conviction profonde que j’ai le droit d’être moi. Cela revient en définitive à m’autoriser à avoir mes émotions et mes besoins. Mais c’est aussi me sentir confortable avec ceux-ci, qu’ils soient agréables ou non. C’est également trouver normal le fait d’avoir mes goûts, mes désirs, ainsi que mes particularités et être capable d’en profiter.

Mais avoir le droit d’exister, c’est aussi être capable de me donner la vie que je souhaite et d’apprécier le moment présent. Le droit d’exister tel que je suis implique en effet que mon existence m’appartient et, par conséquent, que je suis responsable de ma vie. J’acquiers donc d’une part le droit d’être ce que je suis et j’en accepte la responsabilité d’autre part . Autrement dit, je prends sur moi de m’occuper de mes besoins, mes goûts et mes désirs, tout en portant les conséquences de mes choix.

2- Vue de l’intérieur

La personne aux prises avec cette problématique d’évolution n’est pas certaine de sa valeur et du fait qu’elle a le droit d’être ce qu’elle est. Voici un aperçu de la forme que peut prendre ce vécu.

Souvent, je ne suis pas bien dans ma peau. Je suis assailli par des émotions que je n’aime pas et j’ai peur d’être emporté par elles si je m’y attarde. J’ai peur de l’inconnu dans lequel elles peuvent me conduire.

Je n’aime pas parler de ce que je vis. Il me semble que je ne suis pas intéressant pour les autres... je ne le suis même pas pour moi !

Lorsque j’ai l’impression que les gens devinent ce qui se passe à l’intérieur de moi, je suis mal à l’aise. J’ai peur qu’on me juge. Je ne sais jamais si ce que je ressens est correct.

J’envie ceux qui sont bien dans leur peau. La vie a l’air si facile pour eux. On a beau me dire que j’ai le droit d’être moi, je n’ose pas me montrer tel que je suis. Parfois je trouve que je suis insipide, parfois je crois que ce que je vis est trop gros. J’ai peur qu’on ne me comprenne pas, qu’on me juge, qu’on me rejette.

Je souhaite qu’on m’accepte comme je suis. J’aimerais tant ne pas avoir à faire d’effort pour être aimé. J’aimerais avoir confiance en moi et être sûr qu’on m’aime pour ce que je suis.

3- Les préoccupations les plus courantes

Nous savons que la problématique transférentielle qui nous occupe à un moment donné de notre vie est omniprésente (cf. Le transfert dans les relations). Nous savons aussi qu’elle prend une forme à peu près identique avec les diverses personnes importantes de notre vie. Voici le genre de préoccupation qui nous habite lorsque nous sommes aux prises avec la recherche du droit à l’existence.
- Je désire être importante aux yeux des personnes qui le sont pour moi. Je veux...

  • ... qu’elles m’aiment
  • ... qu’elles s’intéressent à moi
  • ... qu’elles accordent de l’importance à ce que je vis, à ce que je dis
  • ... qu’elles m’aiment comme je suis.
    - Je tiens à ce que les gens m’acceptent. Je veux...
  • ... qu’ils me prennent comme je suis
  • ... qu’ils acceptent que je ne sois pas parfait
  • ... qu’ils s’abstiennent de me critiquer.
    - Je veux être aimée. Je tiens à...
  • ... conquérir le coeur de ceux qui m’attirent
  • ... être aimée même par les personnes auxquelles je ne tiens pas particulièrement.
    · Je veux avoir de la valeur aux yeux des autres. Je veux...
  • ... qu’on me trouve bon dans ce que je fais
  • ... qu’on accepte mes idées
  • ... qu’on me trouve extraordinaire.
4- Les formes malsaines

On peut considérer les phrases ci-dessus comme des manifestations brutes de la recherche du droit à l’existence. Mais comme cette préoccupation est difficile à porter, c’est souvent par des stratégies indirectes que nous tentons d’atteindre nos buts.

L’une des plus courantes consiste à se comporter avec l’autre comme s’il nous devait quelque chose. Nous faisons alors de nos besoins et même de nos désirs, des exigences.

Une autre stratégie fort répandue consiste à compter sur les autres pour qu’ils devinent nos besoins. Certains adoptent un style impénétrable qui oblige l’autre à faire tout le travail. D’autres choisissent la méthode des pressions invisibles pour faire sentir ce qu’ils veulent.

Ces attitudes sont néfastes parce qu’elles impliquent que la responsabilité de nos besoins repose sur les autres et parce que nous n’assumons pas nos demandes. Elles sont aussi nocives pour la relation parce qu’elles sous-entendent qu’un seul des partenaires devrait s’impliquer. Voici quelques formes communes de stratégies malsaines.
- Je désire être importante pour les personnes qui le sont pour moi

  • elles doivent m’aimer même si je me comporte comme une peste
  • elles doivent m’aimer même lorsque moi je ne les aime pas
  • je veux être le centre de leur univers
  • je veux constamment leur attention.
    - Je tiens à ce que les gens m’acceptent
  • cette acceptation doit être inconditionnelle
  • mes besoins devraient devenir une priorité pour eux.
    - Je veux être aimée. J’essaie d’obtenir l’affection...
  • en faisant pitié
  • en étant incapable (j’ai toujours besoin qu’on m’aide)
  • en étant malade.
    - Je désire qu’on me trouve bon...
  • sans avoir à faire la preuve que je le suis
  • sans me donner la peine de réaliser des choses
  • je ne veux pas que d’autres soient considérés comme meilleurs que moi.

La quête du droit à l’existence, lorsqu’elle est menée avec de telles attitudes, amène de constantes frustrations. Faite indirectement et sans expression réelle de soi, elle est nécessairement inefficace. De plus, elle entraîne à la longue la formation de noeuds qui deviendront inextricables.

Comment donc travailler efficacement à conquérir mon droit d’être ?

D. La conquête

C’est le fait d’assumer nos besoins qui permet réellement de gagner le droit à l’existence et non le fait d’obtenir des réponses adéquates à ces besoins. La démarche la plus efficace pour conquérir son droit à l’existence est celle qui consiste à consentir à ses besoins et à les respecter. Ceci implique qu’on les reconnaisse et qu’on les accepte en plus de prendre en charge la démarche et les actions qui mènent à leur satisfaction.

Par exemple, si je suis constamment préoccupée d’être importante et aimée par des personnes qui on de l’importance à mes yeux, je dois consentir à être habitée par ces préoccupations et à leur faire de la place dans mon expression auprès des personnes concernées. Porter mon besoin et l’exprimer constituent donc le coeur de ma démarche.

Une telle démarche est relativement longue et complexe. Je n’ai pas la prétention de la guider à travers cet article. Je puis toutefois donner des indications générales pour rendre une démarche plus productive.

1- Devenir plus conscient

Émotion intense

Je peux être à l’écoute des signes de mon organisme. Il faut considérer comme important le fait d’avoir "une émotion intense devant un événement bénin". Lorsque cela se produit, je dois la ressentir afin de mieux comprendre les forces qui se manifestent ainsi.

Je suis bouleversée parce que mon patron est passé en trombe, l’air absorbé, sans me faire le sourire chaleureux qu’il a l’habitude de m’adresser. Je choisis de vivre mon inquiétude au lieu de me rassurer en cherchant des explications à son comportement (il doit avoir des soucis, il a sans doute eu une querelle avec sa femme...). Je m’aperçois que j’ai peur qu’il m’en veuille parce que je n’ai pas fait le temps supplémentaire qu’il m’a demandé hier. J’ai peur qu’il ne m’aime plus. Je crains de perdre mon statut particulier de devenir une parmi d’autres à ses yeux. Je me rends compte que je tiens à cette place dans son coeur. Je pense tout à coup à tout ce que j’ai fait pour gagner cette place et tout ce que je fais pour la conserver.

Émotion à répétition

Je peux aussi considérer comme un signe le fait d’avoir la même émotion à répétition avec le même genre de personnes. Il faut alors m’attarder à ressentir cette émotion afin de cerner l’enjeu de mon interaction avec elles.

Chaque fois que je suis en présence d’un certain type de femme, je deviens gêné et je perds mes moyens. En m’arrêtant à ce que je vis, je constate que j’estime ces femmes et que j’aimerais beaucoup être considéré par elles. Je me sens tout petit, toutefois et j’ai tendance à m’effacer et à les admirer à distance.

Comportement répétitif

Mes comportements répétitifs dans les situations chargées d’émotions signalent que je vis probablement une expérience transférentielle. J’ai tout intérêt alors à identifier ce que je vis pour mieux comprendre ma façon d’agir.

Lorsque mon conjoint est absorbé dans ses préoccupations ou qu’il s’amuse par lui-même, j’ai tendance à le déranger. C’est le moment que je choisis pour lui exposer un problème. En m’observant, je constate que lorsqu’il me porte peu d’attention, je crains qu’il n’ait pris de la distance. Je deviens immédiatement inquiète et c’est pour vérifier si j’ai toujours de l’importance pour lui que j’attire ainsi son attention.

Si sa réponse me donne l’impression que je le dérange, je deviens encore plus inquiète. Je me mets en colère. Invariablement, l’échange prend alors la tournure d’une chicane.

Évitements

Enfin, "mes évitements" sont aussi un signe fort révélateur. Ce sont les situations que je fuis, les personnes que j’essaie de contourner, les actions auxquelles je tente de me soustraire, et les émotions que je bannis de ma vie.

J’essaie toujours de ne pas déplaire. J’aime mieux ignorer mes besoins que négliger ceux des gens que j’aime. Si quelqu’un que j’aime est fâché contre moi, je fais tout pour qu’il change d’humeur. Je fais le pitre pour détendre l’atmosphère. Je me tiens loin des gens agressifs car chaque fois qu’on me parle rudement, j’ai l’impression qu’on ne m’aime pas.

En étant plus conscient de mes évitements, je peux m’attarder dans ces situations pour mieux comprendre ce que je fuis. Il devient alors possible de progresser plus rapidement dans la conquête de mon droit de vivre.

2- Devenir expressif

Qu’est-ce qu’être expressif ? Gaëtane La Plante l’a expliqué dans L’expression qui épanouit . Essentiellement cela consiste à :
- communiquer ce qui est important pour soi
- en étant en contact
- en l’assumant.
Une expression réussie exige parfois une grande subtilité. C’est pourquoi, je recommande la lecture de ce texte à quiconque désire améliorer son habileté à s’exprimer d’une manière personnelle.

C’est l’expression de qualité qui permet de conquérir son droit à l’existence. Paradoxalement, j’acquiers la capacité d’être moi en osant porter mon besoin. Mais je dois le faire devant une personne capable de me confirmer mon importance. Bien sûr, c’est moi qui lui confère cette capacité en lui accordant un pouvoir qui découle de celui qu’avaient jadis mes parents. Le fait de m’assumer ouvertement devant cette personne concrétise le droit d’être moi-même que je m’octroie. Chaque fois que je le fais, j’élargis mon champ de liberté d’être. C’est pourquoi il faut parler de la conquête du droit à l’existence.

La première condition pour conquérir mon droit à l’existence est d’assumer mon besoin dans une expression de qualité. La deuxième est de le faire en contact avec une personne avec laquelle je suis en transfert. Le fait de m’exprimer devant une personne qui n’a pas à mes yeux le pouvoir de me confirmer ne me ferait pas avancer. Pourquoi l’une et pas l’autre ?

Parce que je donne à l’une le pouvoir de me reconnaître et pas à l’autre. Parce que devant celle qui a ce pouvoir, je prends un risque. C’est le fait de prendre ce risque qui me permet de reprendre une partie du pouvoir que je lui attribuais.

Toutefois, on ne reprend pas la totalité de ce pouvoir à travers une seule expression. La conquête du droit à l’existence se fait graduellement, grâce à de multiples tentatives et avec différentes personnes.

3- Me réajuster dans mes expressions

Il est très difficile de devenir ainsi transparente devant des personnes qui m’impressionnent, que j’admire, que j’aime et pour lesquelles je veux devenir importante. Il m’arrive donc de ne me dévoiler que partiellement. Il m’arrive aussi de retomber dans mon style habituel à la première difficulté.

Au début de cette démarche, c’est surtout dans le but d’obtenir une réponse ou de faire changer l’autre que je suis intéressée à exprimer mon besoin. Il s’ensuit de grandes frustrations. Mais je prends éventuellement conscience que le fait de m’exprimer est en soi revigorant. Les risques que je cours en le faisant me procurent de la fierté et je finis par prendre goût au défi de me respecter.

Cependant, mes tentatives ne donnent pas toujours le résultat que je cherche : plus de confort à être ce que je suis. Au contraire, mes propos entraînent souvent des événements imprévus qui déclenchent une série d’émotions nouvelles. L’inconfort me pousse à m’exprimer de nouveau. Je sors des sentiers connus et je consens à l’imprévisible. Je deviens ainsi de plus en plus vivante. Je me réajuste continuellement à la réalité que je contribue à créer.

Par ailleurs, ma nouvelle façon d’être expressive produit des changements dans mes échanges avec les autres. Cela peut les obliger à se réajuster eux aussi. Mon style, en effet, était en concordance avec celui de mes proches, plus particulièrement celui de mon conjoint. En adoptant un style plus vivant, j’introduis un déséquilibre dans la dynamique de la relation. L’autre réagit nécessairement et mes relations changent.

En me réajustant dans mes relations à partir de ce qui m’importe, je suis sur la bonne voie pour travailler à la conquête de mon droit à l’existence. Je donne ma couleur à mes relations.

E. Les principaux écueils
1- La crainte d’être vulnérable

Il est difficile de récupérer notre pouvoir d’être nous-mêmes en résolvant nos transferts. De nombreux écueils nous guettent tout au long de ce parcours. Parfois ceux-ci ralentissent nos élans, parfois ils vont jusqu’à nous empêcher d’entreprendre cette démarche. La principale menace est de se montrer vulnérable.

Je me trouve extrêmement "insignifiante" devant cette personne qui m’impressionne. C’est donc un grand risque pour moi de m’exposer devant elle et de lui montrer tout ce qu’elle représente pour moi.

Je vis donc un pur paradoxe. Il est évident que mon réflexe premier serait d’éviter autant que possible de me mettre dans cette situation. Il faut connaître le phénomène du transfert et en comprendre les enjeux pour prendre le chemin préconisé dans ce texte. Nous avons tous une crainte viscérale devant ce risque de vulnérabilité.

2- Le tabou des besoins infantiles

Pour récupérer notre pouvoir d’être nous-mêmes, il faut non seulement avoir accès au besoin, mais encore le montrer à des personnes qui ont un ascendant sur nous. La plupart des gens trouvent que ces besoins correspondent à des attentes d’enfants. Ils estiment que la charge émotive qui les accompagne est nécessairement un signe d’immaturité.

Il est particulièrement difficile de traverser ce tabou quand on n’a pas encore la capacité de reconnaître la légitimité de ce que l’on vit. C’est aussi un paradoxe de se comporter comme un enfant alors qu’on aspire à être en pleine possession de soi.

3- Le refus de la dépendance

La dépendance est intimement associée à la conquête de la liberté d’être. C’est justement d’elle qu’on cherche à se libérer. On le fait en récupérant le pouvoir d’être soi qu’on a, jusqu’à maintenant, laissé entre les mains des figures importantes de notre vie. Notre dépendance est réelle et elle est l’enjeu de notre recherche.

Comme cette conquête se fait en contact expressif, il nous faut avouer cette dépendance et la vivre. C’est encore un paradoxe : il faut se montrer dépendant alors qu’on aspire à l’indépendance.

D’autres embûches viennent compliquer la conquête du droit de vivre. Certaines viennent de la difficulté de ressentir complètement nos émotions. (Voir La vie d’une émotion) D’autres découlent du déni des réalités existentielles. La psychothérapie est souvent nécessaire pour déjouer ces embûches.

F. Les enjeux

Conquérir mon droit à l’existence me permet de récupérer toute l’énergie que je consacrais plus ou moins consciemment à me faire aimer, accepter, devenir importante. Je récupère par la même occasion, le temps et l’énergie que je consacrais à récupérer mes relations problématiques. Cette énergie prend la forme d’une plus grande vitalité. Je suis plus vivante. Je suis plus ouverts, plus mobile et plus expressive.

J’ai aussi davantage de pouvoir sur moi et sur ma vie. Je peux vivre comme je le veux et je suis en accord avec mes choix. Une certaine paix s’installe en moi qui fait contraste avec les anxiétés et les tourments d’antan. Ils étaient liés à ce que j’appelais faussement "mon mal de vivre" que je considère maintenant comme mon incapacité d’être ouvertement ce que je suis.

À travers les multiples tentatives d’être moi en prenant le risque de m’exprimer, j’ai acquis une confiance fondamentale dans le fait que ce que je vis est important. Je développe pour moi-même un respect qui m’aide à tenir compte de ce qui est important même lorsque c’est difficile.

G. Conclusion

La question du droit à l’existence est incontournable. Nous devons tous y faire face au cours de notre vie. En général on fait cette démarche par tâtonnements. Elle est plus ou moins longue selon les leçons que nous tirons de nos essais et erreurs.

En comprenant mieux la nature de cette quête, il est possible de la diriger. On peut ainsi jouir davantage du plaisir que permet la résolution de nos transferts. Toute personne soucieuse de sa croissance gagne à comprendre la nature de cette conquête de la liberté. Il lui faut aussi développer les habiletés nécessaires : savoir ressentir et savoir exprimer. Une fois la conquête du droit à l’existence réussie, des préoccupations d’une autre nature émergent : celles liées à la recherche d’une identité distincte. Les mêmes habiletés seront alors toutes aussi cruciales.

Nous verrons dans un article subséquent en quoi consiste exactement cette conquête.

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