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Et vous, comment êtes vous traité ?

Ou : de la traite des fonctionnaires

jeudi 28 février 2013, par Eric

Je ne voudrais pas injurier la mémoire de millions d’esclaves qui subirent la « traite des Noirs » par ce mauvais jeu de mots. C’est juste que la langue française est parfois drôlement piégeuse : un salarié de la fonction publique, fonctionnaire ou contractuel, perçoit chaque mois un « traitement » , un salaire, quoi.

Drôle de choix, ce mot de « traitement » .

Parce qu’au premier abord, un traitement, c’est une action liée à la santé, au moins dans la version moderne de notre dialecte. Pensez donc au traitement à vie du diabétique, au traitement de la vigne contre le mildiou. Le mot s’est élargi, par exemple au « traitement de texte » qui me permet de « saisir » cet article... Mais le sens fondamental reste le même : effectuer une action (traitement de l’information par le cerveau, traitement des variables par le statisticien,....).

Par quel parcours rocambolesque les fonctionnaires et assimilés perçoivent-ils un traitement en lieu et place d’une rémunération, d’un salaire, des appointements, une paie, une rétribution, des honoraires, une solde, ou tout autre paiement ? Les mots ne manquaient pourtant pas !

Petite plongée dans le Dictionnaire de l’Académie Française, 5è édition, de 1798...

Eh bien au XVIIIè siècle, il y a déjà ce sens, sans explication particulière. On peut le rapprocher cependant d’un autre sens : un traitement, c’était l’honneur rendu à des « personnes de distinction » . Bref, nous sommes donc les distingués salariés de l’à‰tat, qui nous fait l’honneur de nous verser nos pensions. La traite, quant à elle, signifie le déplacement de marchandises (les Noirs étaient des marchandises... ça laisse entrevoir tout le respect qu’on leur portait), ou une lettre de change (on revient à l’argent).

Je perçois donc chaque mois non point un salaire, mais un traitement.

Imaginez donc mon coup au cœur, lorsque hier les Ressources Humaines de mon université m’ont informé qu’à la suite de mon accident du travail, je percevrai mon traitement intégral le premier mois (cool) mais que je serai « sans traitement » le second mois. Hein ???? Ils veulent donc me priver de salaire ? de revenus ? Et comment je paie mes pâtes, moi ? à‰videmment, tout cela était exprimé fort simplement et sans aucune explication... Une note d’information, sans plus.

J’ai instamment prié ma correspondante de se renseigner et si besoin de secouer le cocotier parce que bon, j’ai pas choisi de me faire une fracture, moi !

Elle m’a appelé ce matin : en fait, ça change rien. Traitement ou pas, je perçois la même somme !!! Simplement, le premier mois, c’est mon salaire habituel et le second mois, c’est dans une autre case (j’imagine qu’on arrête de me faire l’honneur de me verser une rémunération pour commencer à me faire l’aumône d’une indemnité).

Alors, tout aussi simplement, je pose la question : pourrait-on traiter le traitement autrement ? Le traité sans cela nécessitera un traitement car sa traite cesse et son cœur stoppe ? Pourrait-on traiter le tout totalement ? Le traitement est certes détraité mais l’indemnité s’institue, par Toutatis !

Enfin, un jour, tout cela s’arrêtera, et je passerai - j’espère - de ma traite à ma retraite !

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