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Retour du vivarium spatial

Le bio-satellite Bion est de retour sur Terre après un mois dans l’espace. à€ son bord a séjourné une véritable petite ménagerie comprenant souris, lézards et autres escargots.

mardi 21 mai 2013, par Eric

Bilan : séjour dramatiques pour les hôtes animaliers. Les 8 gerbilles de Mongolie sont mortes, la moitié des 45 souris aussi. Les 15 lézards vont bien, mais l’on est sans nouvelle des escargots et des autres animaux.

J’ai beau être heureux du (d’un certain) progrès technique, je n’arrive pas à me sentir à l’aise avec ces pratiques-là.

L’Homme (et la Femme aussi) décide sans trop y réfléchir qu’il (elle) peut décider du sort d’êtres vivants pour son « amusement » . N’importe quel prétexte est bon : « on a bien besoin de médicaments » , « on veut apprendre » . Au nom de nos besoins et de nos envies, nous nous permettons de torturer et de sacrifier des centaines de milliers d’animaux.

Nos raisons vont de la peur (le loup, qu’il FAUT exterminer, ou plus d’actualité, le requin), notons au passage que nous nous comportons en propriétaires de la planète : nous voulons surfer là où il y a des requins, alors c’est simple, massacrons les requins, ça leur apprendra ! Nous voulons élever des troupeaux de moutons et les laisser sans surveillance, on ne va quand même pas laisser le loup nous emm...
Nos raisons passent par la médecine : les animaux embarqués dans la « navette » Bion l’ont été pour étudier l’extrême sédentarité : qu’arrive-t-il à un homme qui ne fait AUCUN effort. Dans l’espace, confinés dans des cages, les animaux n’avaient aucun, aucun effort à faire : allaient-ils en subir des conséquences ? Nous aurions pu penser qu’on sait DEJA que la sédentarité est mauvaise, et qu’il ne sert pas à grand-chose de dépenser des millions pour torturer des animaux, il aurait sans doute été plus éthique et plus efficace de les utiliser pour construire des centres sportifs pour personnes âgées (mais on n’aurait pas eu de médicaments à leur vendre...). On se serait épargné d’avoir ces morts sur la conscience. Bien sûr, on peut rajouter les centaines de milliers de rats, singes et autres animaux qui font les frais chaque année des expérimentations.
Nos raisons passent par la paresse, l’égocentrisme : quelle importance, cette bestiole qui me dérange, cette araignée que j’écrase, ces fourmis que je gaze, ces taupes que j’extermine ?
Nos raisons passent par l’amusement : cette biche que je flingue, ce faisan que je tire, cet éléphant que je chasse, cette carpe que je pêche, cette mouche à laquelle j’arrache les ailes, ces poissons que j’entasse dans un bocal...
Nos raisons s’affalent enfin sur l’avidité : tuer un rhinocéros dont la corne se vend 60.000 $ (pour rien d’autre qu’un fantasme débile) ; tuer 30.000.000.000 de requins chaque année pour servir leurs seuls ailerons sur les tables chics (et laisser l’animal amputé agoniser) ; tuer des milliers de grenouilles en leur arrachant les pattes arrières pour les servir en France (et là aussi, laisser l’animal agoniser) ; assassiner des millions de poulets à la tronçonneuse ; vendre des centaines de millions de poissons, tortues, souris, cobayes, oiseaux, reptiles dans des animaleries, après les avoir parfois arrachés à leur milieu naturel, pour qu’ils agonisent peu à peu entre les mains d’inconscients...

On me répond souvent que c’est l’ordre naturel des choses, que nous sommes des prédateurs, que ces animaux vivent pour être chassés par d’autres, que c’est bien normal : c’est pour manger, pour sauver des vies humaines. Mais rien de tout cela ne tient vraiment la route si on prend le temps d’y réfléchir.

L’ordre naturel, c’est d’être nu dans la nature et de se battre pour manger : je défie quiconque de le faire et de s’en sortir, sans arme et sans technologie.

Nous ETIONS certes des prédateurs (mais aussi des proies !!!!), et nous avons utilisé notre « intelligence » pour SORTIR du cycle naturel. Il est alors étrange de justifier nos actions présentes par un état que nous avons voulu quitter.

Il est étrange aussi de considérer qu’une vie humaine vaut « naturellement » plus qu’une vie animale. Au delà de l’émotion, de l’empathie, qui nous pousserait à sauver notre voisin plutôt qu’une limace dans le jardin, qu’est-ce qui justifie ça sur le plan éthique ? On « vaut » plus ? Selon quel critère ? L’intelligence ? Est-ce à dire que si un extra-terrestre encore plus intelligent arrivait il serait bien normal qu’il fasse ses expériences avec des cobayes humains, qu’il nous élève en batterie pour nous frire dans sa poêle, qu’il nous extermine pour s’emparer du jardin qu’il convoite, ou même qu’il nous traite comme nous traitons les « nuisibles » qui pullulent : qu’il cherche à exterminer toute la race humaine ? Après tout, pourquoi se priverait-il de nous faire ce que nous faisons à d’autres sous prétexte que nous serions mieux qu’eux ? Un E.T. qui pourrait trouver n’importe quel critère (il est tellement plus mignon avec sa peau verte et ses petits yeux ?) pour s’estimer mieux que nous pourrait nous massacrer sans aucun remords. Idem, évidemment, pour l’un de ces monstres que les films nous montrent sans arrêt et qu’il faut bien dégommer, les ogres, les loups-garous, les vampires, les dents de la mer, les virus,... Le message que nous crions dans l’univers est : si vous le pouvez, si vous avez la moindre raison, exterminez-nous, nous vous exterminerions si nous le pouvions !

On m’a déjà répondu « mais les animaux ne sentent rien, ne savent rien » . Avez-vous déjà vu le regard d’un singe qui sait « parler » ? Le regard d’un poisson dans l’aquarium qui anticipe vos geste (le nourrir ? C’est la fête !) ? La peur d’un porc qu’on VA égorger ? Un poulet qui est terrifié quand on l’accroche par les pattes pour que la scie circulaire puisse lui trancher la tête ? Un poisson qui se débat parce qu’on l’a jeté sur l’herbe après l’avoir pêché et qu’il agonise ? Un chat qui vous appelle parce qu’il est blessé et qu’il demande de l’aide ? Les animaux sentent, souffrent, comprennent (à leur mesure, mais la douleur, la torture, ils comprennent parfaitement), anticipent. Ils n’ont pas toujours les moyens de nous échapper, rarement ceux de nous combattre.

Mais justement, notre position de dominant incontesté ne nous donne-t-elle pas une responsabilité encore plus grande, responsabilité de conscience et d’action ?
Et tant pis si éthiquement ça ne tient pas la route, tant pis si écologiquement c’est une catastrophe, tant pis si derrière on laisse une trainée de sang dédiée à nos caprices.

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