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1982

vendredi 31 décembre 1982

Avril 1982

17 ans, classe de première

Je me sens de plus en plus seul, de plus en plus mal au lycée.

Les « camarades » s’émancipent et commencent leur vie sexuelle.

L’un d’entre eux se vante de se faire du fric en allant sauter des vieilles dans un bar spécialisé. Il explique qu’il suffit de bander et de fermer les yeux en imaginant que c’est une jeune et belle fille.

Quelques souvenirs : Raymond et moi arrivons un matin en avance en classe, il y a déjà un petit groupe présent. Raymond était extrêmement timide, très réservé, très gauche (il n’avait jamais allumé une allumette : sa mère le lui avait interdit car il risquait de se brûler). Comble de malchance, il était bon en classe, et marquis. Nous entrons dans la salle, et l’un des élèves présents se tourne vers lui :

Juillet 1982

 Alors, Raymond, ça va ? Toujours puceau ? J’espère que tu as au moins compris comment on fait pour se branler. Tu te branles souvent, Raymond ? Tu t’es branlé, cette nuit ?

Tout ça, sous le regard des autres, et sous leurs ricanements, bien sûr. Nous avons fait demi-tour et nous avons fuit. Sous prétexte de les mépriser, en réalité par peur panique d’affronter ça, et leurs regards amusés et méprisants. J’aurais aimé être capable de leur répondre que oui, que c’était vachement bon, et leur retourner la question. Je n’en suis pas capable.

Bref, c’est pas de la tarte.

Mars 1982

Un point positif : je fais chaque jour le chemin de retour à la maison avec Cécile. Je l’aime bien, elle est sympa avec moi. Mais c’est une fille. Je me suis toujours assez bien entendu avec les filles. C’est de contact avec les garçons que j’ai besoin.

Je vais à la première Boum de ma vie. Je fais un concours avec les autres garçons : à celui qui dansera de façon frénétique le plus longtemps. Je gagne.

Laurent s’écrie, hors d’haleine : la prochaine fois que tu prétends être asthmatique, je ne te croirai pas. J’en suis fier, car c’est un des rares garçons que j’apprécie et dont j’aimerais me rapprocher si j’osais.

A la fin de l’année, nous passons le bac de français, je m’en tire avec 10 à l’écrit et 14 à l’oral. Par chance, la veille, Geo m’a raconté une anecdote sur Rabelais : l’édition originale était tirée en trois volumes de 5 (?) chapitres chacun. Je suis interrogé sur Rabelais, et je rapporte cette anecdote. Le prof en reste assis, car je suis en filière math.

Décembre 1982

Je fais aussi du cheval aux Abrets. Je me suis senti chez moi dès la première minute sur le dos de ces animaux. C’est d’ailleurs l’avis du moniteur, qui renonce à me donner des leçons de manège avant de pouvoir partir en ballade : j’ai une bonne assiette et nous filons directement dans la campagne. Je flippe un peu, mais je tiens bon. C’est génial.

Je ferai quand même du manège pour apprendre les bases techniques, le saut, etc... à‡a ne m’intéresse pas vraiment, mais je suis bonne pâte et j’accepte.

Nous défilons pour la parade du 14 juillet, déguisés en cow-boys. Griserie du retour de nuit au milieu des marais, dans un noir d’encre, guidés par le seul instinct des chevaux. Ce sera un de mes souvenirs les plus forts.

Je m’intègre bien dans ce milieu. Quand le moniteur part en vacances, il me laisse le club avec pour mission de m’occuper des chevaux : les nourrir, les sortir, les brosser. Je suis enchanté.

Lors d’une ballade, je monte une jument. Le moniteur a un étalon. Tout va bien, mais les chevaux sont nerveux. Ils commencent à devenir agressifs, puis cherchent à se battre : ruades, sauts, c’est un vrai rodéo. Ma jument cherche à les éviter et se débat. Je reste en selle sans savoir comment. Le moniteur me crie de partir au galop. Je ne comprends pas. Il me menace de prendre un étalon sur le dos, on verra si je comprend mieux : ma jument est en chaleur et l’étalon veut la sauter. Je pars au galop, le coeur battant.

Une autre fois, il ne reste plus de chevaux. Je pars en ballade avec un poney. Mais il est bas sur pattes et mes pieds traînent par terre. De temps à autre, je manque à tomber, je suis trop grand pour ce petit bout. Il en profite toutes les cinq minutes pour se glisser sous mes jambes et partir sans moi... Je crois que nous n’avons jamais autant ri.

Décembre 1982

C’est aussi cette année que nous répandons 100 litres d’eau sur le parquet du salon en cassant la vitre de l’aquarium : nous avions des combattants en train de s’accoupler, et pour mieux voir, maman avait enlevé la vitre du dessus, et l’avait posée devant l’aquarium. Mais un geste malheureux pousse l’angle de cette vitre dans le bas de la face avant de l’aquarium. Face avant, faite en verre aussi, et qui ne résiste pas au choc : elle se fend en trois, une grande fêlure en V venant promettre une belle inondation.

Maman, qui n’est pas trop bête, comprend aussitôt le risque et se précipite pour retenir le bout qui s’en va en criant « ça va casser, ça va casser ! ». Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que ça casse effectivement et que l’eau, les graviers et les poissons se répandent sur le sol.

On ne récupérera que 5 litres d’eau et la moitié des poissons, le reste disparaîtra dans les fentes du plancher et viendra décorer le plafond de mémé à l’étage en dessous.

Messages

  • Vers 2012, Marie-Hélène Morin, qui était avec moi à Stendhal cette année-là , s’est installée en face de chez moi. Vraiment en face : on se parlait de fenêtre à fenêtre.

    Marie-Hélène avait des albums photos. Y compris des Mardis Gras et du voyage à Paris. Et surprise ! on m’y voit au milieu des autres, riant, buvant, discutant, marchant... Aucun de ces souvenirs ne m’est resté, on dirait un étranger sur les photos. Pourtant, Marie-Hélène parle comme si on était proches, comme si elle me connaissait...

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