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L’émotion était là, cachée dans son corps

Anecdote racontée par David Servan-Schreider

vendredi 24 février 2006

Marianne : l’émotion était là, cachée dans son corps

Marianne suivait depuis deux ans une cure psychanalytique freudienne traditionnelle. Elle s’allongeait sur le divan et faisait de son mieux pour « associer librement » autour des thèmes qui la faisaient souffrir, à savoir essentiellement sa dépendance affective vis-à-vis des hommes. Elle n’avait l’impression de vivre pleinement que lorsqu’un homme lui disait souvent qu’il l’aimait, et elle supportait mal les séparations, même les plus brèves. Cela la laissait avec une anxiété diffuse, comme une petite fille. Après deux ans d’analyse, Marianne comprenait parfaitement son problème. Elle pouvait décrire en détail sa relation compliquée avec sa mère, qui la confiait fréquemment à des nourrices anonymes, et elle se disait que cela expliquait sûrement son sentiment permanent d’insécurité. Avec son esprit formé dans une grande école, elle s’était passionnée pour l’analyse de ses symptômes et la manière dont elle les revivait dans sa relation à son analyste, dont elle était devenue, naturellement, très dépendante. Elle avait fait de grands progrès et se sentait plus libre, même si, en analyse, elle n’avait jamais pu revivre la douleur et la tristesse de son enfance. Toujours focalisée sur ses pensées et le langage, elle se rendait compte maintenant qu’elle n’avait jamais pleuré sur le divan.

À sa grande surprise, c’est chez une masseuse, au cours d’une semaine de thalassothérapie, qu’elle avait soudainement retrouvé ses émotions. Elle était allongée sur le dos et la masseuse lui massait doucement le ventre. Lorsqu’elle s’approchait d’un point précis, au-dessous du nombril, Marianne sentait un sanglot lui monter à la gorge. La masseuse le remarqua et lui demanda de simplement prendre note de ce qu’elle ressentait, puis elle insista, doucement, avec des mouvements tournants juste sur ce point. Quelques secondes plus tard, Marianne fut prise de sanglots violents qui secouaient tout son corps. Elle se revit sur une table d’hôpital, après une opération de l’appendicite, à l’âge de sept ans, seule parce que sa mère n’était pas revenue de vacances pour s’occuper d’elle. Cette émotion, qu’elle avait si longtemps cherchée dans sa tête, était là depuis toujours, cachée dans son corps.

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