Rejet

Seigneur, je ne suis qu’un jouet
Un vieux jouet qu’on a jeté,
Un vieux jouet qui n’amuse plus,
Un vieux jouet qu’on a trop vu.

Seigneur, du temps de mon enfance,
Je rêvais d’une romance
Et ne voyais que des murs gris
Qui enfermaient mes appétits.

Seigneur, tu fis alors venir
Celui qui me faisait rire.
Je vivais ses joies, ses peines
Enfin le Feu brûlait mes veines.

Seigneur, plongé dans les saveurs
Des voluptés de mon bonheur,
Comment ne l’ai-je pas vu venir
Ce malheur qui devait me punir ?

Seigneur, quelle erreur ai-je commise
Pour voir encore ma joie soumise,
Sentir le Feu s’éteindre,
Et souffrir et me plaindre ?

Seigneur, je ne suis qu’un vieux jouet
Qu’il a remplacé sans regrets,
Reniant notre amitié,
Fuyant notre complicité.

Seigneur, je traîne au fond de ce placard,
D’où je guette en vain un regard,
Où le ressort va se briser
Qui me permettait de danser.

Seigneur, je ne suis qu’un vieux jouet,
Un vieux pantin de troquet
Qui a cru à un mirage,
Qui pensa voir le Paradis
Mais s’est échoué sur une plage,
Le coeur brisé, le corps raidi,
Et qui tient aujourd’hui la preuve
Que la vie n’est qu’une épreuve.