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9 juin 2009, 09:56, par Spitfire

Salut les zèbres, je viens faire un tour dans la prairie moi aussi...

Contrairement à beaucoup d’entre vous, j’ai été diagnostiquée très tôt dans l’enfance (en plus c’est de famille : père zèbre... frère zèbre...) Malheureusement, dans ma famille, la douance était assimilée à de l’agilité intellectuelle et rien d’autre. Un don qui - bien entendu - rendait la performance obligatoire (être première de la classe était un dû.)

Hypokhâgne et khâgne sur ordre, j’ai fini par m’écrouler, je n’en pouvais plus de réaliser les rêves de gloire des autres. Tout plaqué. Epousé le premier moldu venu. Pris le premier boulot venu. Cryogénisée (arrêté de lire, d’écrire, de penser, de rêver). Essayé pendant des années de passer du zèbre tourmenté au veau content. ça n’a pas marché...

La révélation de ces derniers jours, ça a été le livre de JSF sur l’enfant surdoué. Et là je comprends que l’hypersensibilité que j’ai toujours ressentie fait partie du processus. Que ce n’est pas une tare, une faiblesse honteuse qu’il faut dissimuler, mais qu’elle fait partie de mon identité profonde, parce que c’est une façon - ma façon - de sentir le monde vivant. Que c’est la contrepartie nécessaire de cette agilité intellectuelle qui vous transforme en coquille vide si elle est séparée du reste. C’est d’ailleurs ce qui arrive à mon frère aujourd’hui.

Mieux encore, je me rends compte que mon père et mon frère ont sans doute la même hypersensibilité que moi, et que leur apparente dureté n’est sans doute qu’une stratégie de défense (c’était vraiment drôle de reconnaître point par point nos comportements dans le livre de JSF). Le problème étant qu’ils avaient opté pour l’hypercognition et le sarcasme en se coupant de toute émotion, quand moi j’avais opté pour le refuge dans le monde intérieur (inutile de vous dire à quel point j’en ai pris plein la tronche dans l’enfance et l’adolescence !!!)

Mais bon, aujourd’hui les années ont passé... Et ça va mieux. Petit message d’espoir pour tous les zèbres qui se sentent tristes, décalés, incapables d’arrêter la machine et de cueillir l’instant présent : avec le temps, on peut se réconcilier avec soi même, et aussi avec les autres. Plus on se connaît, mieux on y arrive. La thérapie peut aider, à condition de trouver un psy qui comprenne... Après on arrive à mieux gérer les relations sociales, souvent difficiles (je pense au monde de l’entreprise, très formaté et où celui qui pense trop vite fait peur...)

Les proches aident beaucoup aussi (Eric (message n°15) a bien raison de dire qu’il leur faut de la patience avec notre bouillonnement incessant...) Pour ma part, le moldu dont je parlais plus haut a eu le bon goût de s’enfuir, et je suis remariée depuis maintenant 11 ans. Je ne sais pas si mon mari est un zèbre, (ça ne m’étonnerait pas), mais au vu de son coeur pur, une licorne certainement (une licorne zébrée ... ? trop fun ! )

Dernière chose, si vous sentez que vous avez envie d’ouvrir vos ailes, de réaliser un projet, de reprendre des études, n’hésitez pas, foncez. Ca marche encore, même après des années passées sous le sable ! J’ai 40 ans, il y a 5 ans j’ai repris des études de droit à zéro (niveau DEUG 1), et là je suis en train de boucler un Master 2 en droit social. On ne rouille pas, cette intelligence protéiforme, on l’a. Avec le temps, on apprend à utiliser la méthodologie rigide des épreuves universitaires, à se servir de la forme imposée, mais pour faire passer ce qu’on veut. Je vous garantis que ça marche.

Voilà les zèbres... Grosses bises à tous les rayés.

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