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Réparer

23 avril 2011, 23:42, par Sophie

Bonjour à tous !

"Réparer" est le terme exact que je pourrai employer pour définir le travail que je suis en train d’effectuer sur moi-même.

L’enfance... ah, j’en ai des souvenirs douloureux de cette époque ! Il me semble même qu’à la vingtaine, j’ai dit quelque chose du style : " revenir à l’âge adolescent ou à l’enfance ? JAMAIS !". Ni mon enfance ni mon adolescence n’ont été heureuses. Je ne dis pas que j’étais malheureuse, mais j’étais triste, renfermée, solitaire, "ailleurs". Mes instituteurs ne manquaient jamais de marquer un petit mot dans le carnet, à côté des 18, 19 de moyenne :" élève peu participative", "élève effacée", "dans la lune !", c’est simple, j’étais malade d’angoisse dès que j’étais interrogée. Peur de mal faire, peur de me tromper et d’être la risée de la classe. Si jeune, j’étais déjà perfectionniste. D’ailleurs, plus de 19 de moyenne, c’était un échec si un autre élève m’avait devancée au classement ( à réellement peu de choses près ! ). J’étais nulle, incapable, et je passais le reste de ma journée à ruminer dans mon coin.

Plus tard, à l’adolescence, les choses se sont compliquées. J’ai subi des méchancetés gratuites de la part d’autres élèves, humiliations publiques, mise à l’écart dès que je commençais à me sentir intégrée ( au prix d’efforts surhumains. ). J’ai envisagé de changer de lycée, de mettre un terme à cette vie de souffrance et d’incompréhension. Le soir, depuis toute jeune, je pensais aux étoiles, à la naissance de l’univers... qu’était ma vie en comparaison de cette immensité ? Pourquoi ne pas disparaître, tout simplement ? Le désert saharien ne se rendrait pas compte qu’un de ses grains de sable s’est volatilisé, je me disais que l’univers dans lequel je vivais pouvait tout aussi bien s’en fiche de ma microscopique et inintéressante vie...
Fort heureusement, cette idée s’est vite évanouie. J’ai quitté le lycée et ai entamé un apprentissage dans un domaine qui me plaisait beaucoup. J’étais certaine d’avoir trouvé ma voie.

A l’âge adulte, je me suis rendue compte que non, ce job ne me plaisait plus. Je m’ennuyais. Dans tous les autres aussi d’ailleurs... je suis sur le marché pro depuis 1998, et suis passée dans 10 entreprises différentes, dont certaines à l’étranger. Je ne peux envisager une vie lisse, monotone et routinière. D’ici peu, d’ailleurs, il se pourrait que je change de nouveau...

A force de me poser des questions, j’ai cru devenir dingue. Jusqu’à l’été dernier.

J’ai rencontré deux zèbres, jeunes, avec lesquels j’ai discuté toute la soirée. A la fin, ils m’ont considéré comme étant l’une des leurs. J’ai ri, intérieurement. Quoi, moi, zèbre ? Pourquoi pas prix Nobel, pendant qu’on y est ? J’ai reçu ma première gifle, celle qui m’a fait réfléchir intensément, quelques jours plus tard. Discussion sur la surdouance avec une collègue de 20 ans mon aînée. Elle a commencé à me poser des questions étranges, me sentais je en décalage par rapport aux autres ? A l’écart ? Hum... je ne savais pas quoi lui répondre, mais je voyais parfaitement où elle voulait en venir. Elle m’a asséné que ma manière de m’exprimer, d’écrire, de penser était en décalage, j’étais intellectuellement au dessus du panier. Ma réaction ne s’est pas fait attendre. Je me suis fermée comme une huître, et ai tenté de dévier la conversation sur un autre sujet. Peine perdue... elle a fini par me dire que sa soeur était une zèbrette, et que c’est de cette manière qu’elle m’avait repérée, car je lui faisais penser à sa frangine, sur énormément de points.

J’ai donc fini par aller consulter, au terme d’une crise de larmes qui a duré 3h, commencée sans raisons apparentes. Au bout de 3 séances, le verdict est tombé comme un couperet : précocité intellectuelle.

A l’heure actuelle, je suis dans l’attente de mes résultats du test WAIS IV, passé hier. Dans moins d’une semaine, je saurai si cette différence a été responsable de mon mal-être. Et pourrai enfin m’autoriser à vivre, à faire exploser ce côté ambitieux que je possède déjà , à faire taire tous ces doutes qui m’empêchent d’avancer. Et je n’aurai plus peur d’être "moi", pas ce simulacre de ma personne que j’offre chaque jour à tous ceux que je croise. Enfin être moi même, que cela plaise ou non. La solitude ne m’a jamais fait peur. S’il faut me retrouver seule parce que je suis différente, tant pis. Au moins, je serai AUTHENTIQUE.

Bon courage à vous tous ! Et merci pour ce blog...

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