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> Que faire de sa douance ?

28 décembre 2008, 14:06, par Eric_

Hello à toutes et tous.
Tombé sur ce site totalement par hasard, enfin pas vraiment par hasard en fait.
En fait j’ai cherché des informations sur le dernier livre de Jeanne Siaud Facchin et suis arrivé ici avec l’aide de mon meilleur ami que vous connaissez tous : Google.
Je pense qu’une petite présentation est d’usage avant de poster un nouveau message, donc voilà , je m’appelle Eric comme le responsable du site d’après ce que j’ai pu comprendre.

Je suis arrivé à un moment de ma vie où je veux faire le point sur ma vie passée mais aussi et surtout sur celle que j’ai encore à vivre, car je suis comme beaucoup ici mis dans une "catégorie" en étant diagnostiqué comme enfant puis adulte à Haut Potentiel.
Je préfère largement le terme Haut Potentiel à celui de "surdoué" parce que ce terme est trop synonyme de handicap quand je l’entends des autres.
J’ai 33 ans, marié et père de deux garçons (5 et 3 1/2 ans) qui donnent tout à penser qu’ils sont aussi à Haut Potentiel.

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu des difficultés à m’intégrer dans un groupe et à tisser de véritables liens sociaux intéressants.
Souvent, les autres me rejettaient et je ne comprenais pas de quoi cela venait.
J’ai suivi mes 6 années de CP (j’espère ne pas me tromper car je suis belge et ici les cycles d’études ne portent pas la même dénomination qu’en France) sans trop de soucis aux cours car le simple fait d’écouter l’instit me suffisait à retenir l’essentiel pour le jour de l’examen.
Je m’ennuyais en classe parce que j’avais l’impression d’y perdre mon temps à écouter ces choses tellement évidentes (apparemment pas pour tout le monde) et j’avais tendance à avoir l’air distrait et à distraire mes compagnons de classe, mais pourtant quand on m’interrogeait j’étais capable de redire ce qui venait de se dire et d’argumenter mes réponses.
Inutile de dire que ça avait le don d’en énerver plus d’un : instit et compagnons de classe, qui me faisaient souvent payer au prix fort le fait de fonctionner différemment.

Je n’ai jamais eu à étudier pour que ça se passe bien, mais quand je suis passé au Collège, ça n’a pas été de la même façon du tout.
Ma lente chute vers l’enfer a commencé à cette époque, j’ai perdu mes repères parce que je ne pouvais plus me contenter d’écouter aux cours pour que ça se passe bien.
Il a fallu que je me mette à étudier, mais je n’ai jamais réussi à avoir de méthode de travail, ça me semble tout sauf naturel d’étudier.
J’ai toujours eu un mal de chien à étudier surtout que pour beaucoup, le seul but d’étudier c’est pour le résultat maximum à l’examen, mais le lendemain ils sont incapables de redire de quoi parlait le cours.
Pour moi, l’école nous entasse une quantité de matière dans le crâne sans qu’on ait un mot à dire, alors que l’école devrait nous apprendre à apprendre.
Je n’ai donc jamais accroché à ce mode de pensée unique et me suis fait gentiment prier d’aller voir ailleurs vu mes échecs nombreux et répétitifs.
Echecs volontaires en signe de protestation à l’ordre établi, je n’avais pas beaucoup d’autres moyens de choquer à cet age (12 ans).
Tellement j’avais d’échecs, même dans les cours que n’importe quel cancre réussissait sans difficultés, à savoir gymnastique, religion, dessin, musique, on m’a envoyé passer des tests au centre Psycho-Médico-Social de l’école.
Ils m’ont conseillé de consulter un pédo-psychiatre, ce que j’ai fait pendant longtemps sans résultat, enfin si, le sentiment de faire perdre le temps de tout le monde et l’argent de mes parents pour rien.
L’école ne s’est jamais remise en question pour savoir si elle ne se serait pas trompée sur mon compte en me prenant pour un enfant incapable de suivre l’enseignement général.
On m’a quand même diagnostiqué comme HP mais j’avais trop perdu de terrain aux cours pour pouvoir encore suivre légalement l’enseignement général.
J’ai donc été obligé de suivre l’enseignement professionnel dans diverses options sans en trouver une qui me satisfasse vraiment.
Je vivais très mal cette période parce que je sentais ça comme une sanction mais la seule faute que j’aie commise c’est d’être à Haut Potentiel et on m’envoyait dans un monde pas fait pour moi. D’ailleurs, la différence était encore plus marquée entre mes compagnons de classe et moi. Ca me fait penser à Michael Scoffield dans Prison Break qui n’aurait jamais dû se trouver avec ces gens mais qui en bave d’être différent par ses connaissances et son mode de fonctionnement.

Pour finir je n’ai jamais suivi d’études dignes de ce nom et encore moins valorisantes, mais il m’est souvent arrivé d’être convié à prendre part à une discussion avec des professeurs d’université ou des collègues de mon épouse qui travaille dans ce milieu.
A chaque fois, personne ne s’imaginait que je n’avais pas de diplà´mes et s’étonnait même de ma connaissance pointue dans le domaine.
Dans un de mes emplois, j’ai eu souvent l’occasion de discuter avec des professeurs d’unversité de toutes les disciplines, comme par exemple ; géo-politique, architecture, droit, géologie, psychologie, éthologie, physique etc...
A chaque fois, ils me demandaient si j’avais déjà suivi des cours dans cette discipline tellement ils étaient étonnés de voir quel bagage j’avais.
Quand je pense qu’à l’école on me prenait pour un demeuré, j’en ris dans ma barbe.
Malheureusement dans cette société qui veut des preuves écrites pour tout, je suis handicapé de ne pas avoir un papier qui dit que je suis "intelligent" et que je suis capable d’occuper tel ou tel poste dans une société.
Ma vie professionnelle a été comme mes études, mais en plus douloureux encore parce que là il faut gagner de l’argent pour vivre et donc pour bien faire travailler coûte que coûte même si les gens vous font vivre un enfer quand vous ne partagez pas les mêmes centres d’intérêt qu’eux (souvent très très basiques).
Je vais d’échec en échec professionnel et suis inscrit dans toutes les agences d’intérim de ma région.
De temps en temps elles me jettent quelques mies de pain en me donnant 2 jours de travail sous payé et de très mauvaise qualité (genre décapsuler des bouteilles de limonade toute la journée, ou passer les poussières sur chaque bouteille dans chaque casier dans des dixaines de palettes,... et j’en passe des meilleures).
On a vu mieux à faire de sa douance je pense.

Donc, je me suis demandé que faire de ma douance.
J’ai souvent dit que cette douance m’avait plus souvent attiré des ennuis que ce qu’elle m’avait aidé dans la vie, et qu’à choisir j’aurais eu plus facile à me fondre dans la masse humaine si j’avais été con.

Maintenant, je le vois d’un autre oeil. Je me dis que j’ai trop passé de temps à essayer de me faire une place en tant que salarié.
Je ne vais pas encore attendre longtemps des autres preuves que ça ne marchera jamais. Il faut sortir de cette impasse le plus vite possible, elle dure depuis plus de 17 ans (dans la vie professionnelle).
J’ai dans mes cartons le projet de me lancer comme indépendant dans un domaine créatif où être différent n’est plus une tare mais une force.
Maintenant quand je suis obligé de fréquenter des gens qui ne comprennent pas ma différence, je m’en amuse en me disant qu’ils ont une vision très limitée de la vie.
Je me fais parfois peur quand je trouve une personne intéressante dans un groupe parce que pratiquement à chaque fois, on se retrouve attirés comme des aimants et on se comprend parfaitement bien, souvent même sans parler, un regard suffit pour se comprendre.
Je viens de vivre l’expérience avec une personne que je ne connaissais pas du tout et au bout de quelques heures on avait l’impression de s’être toujours connus.
Je lis dans ses yeux comme dans un livre ouvert et je lui ai ressorti des choses qu’elle avait cachées au fond d’elle et qu’elle espérait que personne ne verrait jamais.
Elle m’a livré son fardeau et je lui ai parlé de ma différence, et ça nous a rapproché très fort.
J’ai l’art de retrouver un diamant brut au milieu des pierres mais cette relation amicale m’a profondément bouleversé tellement c’est un sentiment fort et encore inconnu pour moi.
Je lui ai dit qu’elle était la personne que j’avais sans doute cherché toute ma vie et qu’elle incarnait l’idée que je me faisais de l’Amitié.
En effet, l’Amitié pour moi est certainement bien différente de celle que beaucoup en ont.
Je ne considère pas comme Ami une personne qui n’est là que quand tout va bien et qui n’a pas son pareil pour vous planter quand vous avez le malheur de lui faire part d’un souci personnel.
On vit dans un monde d’image et socialement on se doit de toujours envoyer une image positive de soi quoi qu’il arrive. Pourtant tout le monde sait qu’on est obligés de jouer un rôle en société pour être socialement apprécié, et tout le monde souffre de cette hypochrisie, ça me dépasse complètement que tout le monde soit standardisé.
Il est très difficile de trouver des personnes avec qui il est encore possible d’être soi.

J’ai envie de voloriser ma douance pour moi d’abord, mais ça n’aurait pas de sens si ce n’était que pour moi, car ma famille doit en profiter aussi après en avoir subi les conséquences (avec mon instabilité d’emploi et l’impact que ça a sur mon équilibre personnel).
Je suis d’autant plus pressé de trouver cet équilibre que je suis face à ma copie conforme quand je vois mon fils aîné (5 ans) souffrir de sa douance.
J’ai souffert du manque de compréhension de ma famille ou du manque d’actions concrètes pour que j’aille mieux, et j’ai envie de ne pas reproduire ça avec mes fils.
Et là il y a urgence quand je vois à quel point il se sent différent malgré son age, il a des raisonnements d’adultes très souvent et ne s’autorise même plus de vivre comme un enfant de son age.
Mon épouse a beaucoup de mal à nous gérer mais elle est vraiment très compréhensive et nous aide vraiment beaucoup.
On pourrait penser que je suis la meilleure personne pour régler ça, mais justement, j’ai un mal de chien à trouver la bonne attitude à adopter tellement je me revois face à mes propres difficultés.
J’ai vraiment la ferme intention de trouver la façon de trouver mon propre équilibre pour agir efficacement avec mes enfants et les préparer au mieux à vivre heureux avec leur différence, pour qu’ils la voient comme une force.

J’ai fait long, je sais mais c’est compliqué de parler de ça en deux lignes.
Il est plus facile aussi de parler de ça dans un groupe de personne HP.

Merci à ce site de permettre ce genre de contacts entre HP, ça rappelle qu’on n’est pas seuls au monde.

Eric

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