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Les enjeux du couple de l’amour

Quelques extraits de pages de Michel Tournebise...
Réconfort ou pas ?

mardi 12 septembre 2006

Source

I) La rencontre et la passion

Généralement, un couple commence par une étape fusionnelle incontournable. C’est celle de la passion (même si celle-ci est plus ou moins forte) où chacun est suffisamment aveuglé pour ne pas vraiment voir l’autre.

Chacun idéalise son conjoint (donc ne le voit pas) et dans le même temps celui-ci ne se montre pas vraiment afin d’accroître sa séduction. Cela les mets dans une délicieuse inconscience de l’autre qui n’est pas encore de l’amour. L’amour viendra plus tard... ce n’en est que la phase préparatoire. Il ne faut pas confondre « aimer l’autre » et « avoir besoin de l’autre »

Cet aveuglement peut sembler une erreur, mais il n’en est rien. Notre faible capacité à accueillir la différence de l’autre est judicieusement compensée par cette phase.

II) Des enjeux nobles et subtils, mais cachés

Cet aveuglement est d’autant plus nécessaire qu’il y a chez la personne que l’on « choisit » quelques « défauts » inattendus. Hormis le fait que personne n’est parfait (et ce n’est pas vraiment une surprise) ce qui est étonnant c’est que les défauts, de l’autre apparaissent parfaitement ajustés à différentes choses que nous avons fuies dans notre existence.

Est-ce de la mal-chance ou de la maladresse ? Non au contraire, que d’habileté !

C’est l’opportunité que nous cherchons inconsciemment pour réhabiliter les zones blessées de notre vie. Nous avions chassé ces zones par réflexe de survie et de confort. Nous les recherchons ensuite animé d’une pulsion de vie qui nous porte à retrouver notre intégrité. Nous tendons ainsi inconsciemment vers une intégrité de notre structure psychique morcelée.

Donc, curieusement, ce qui nous gène le plus chez notre conjoint est souvent ce qu’inconsciemment nous avons spécialement été chercher chez lui. D’où l’importance de la fascination initiale... sinon nous n’y serions pas allés !

III) Désillusion salutaire

Quand la passion diminue... ou disparaît, la tendance est de croire que l’histoire du couple touche a sa fin. Non ! Elle commence seulement vraiment. Elle commence enfin sur le plan de l’amour car l’amour c’est quand nous aimons l’autre avec sa différence et non pas quand nous avons besoin de lui pour qu’il compense nos manques (ceci dit, chacun de nous fait humblement comme il peut, et il est plus important d’être conscient que d’être faussement parfait !)

A ce stade commence l’apprentissage de l’amour de l’autre... mais aussi de l’amour de soi.

Ainsi les fameux « défauts » , que l’on recherchait sans le savoir chez lui, apparaissent enfin... avec pour projet de faire naître de l’amour cette fois ci envers les zones blessées de notre vie (de la part de nous-mêmes, envers ceux que nous avons été ou ceux dont nous sommes issus)

IV) A propos de l’amour

Quand le couple parvient à traverser avec succès les étapes ci-dessus, il prend tout son sens. La vie avec l’autre devient alors source de plénitude et de jouissance. Contrairement à toute attente, il s’y trouve plus de jouissance que dans la passion ! Dans la passion ce qui était vécu était fort... mais imaginaire.

Ici ce qui est vécu est ressenti dans la réalité et peut enfin nous combler. C’est la même chose qu’autrefois, mais avec en plus un sentiment de plénitude et d’accomplissement, car ce n’est plus une compensation de vides antérieurs.

V) Tensions et ruptures

Il est certainement salutaire pour certains couples de se séparer. La vie est même emplie de situations si douloureuses que cette solution peut devenir la seule possible.

Cependant il est regrettable que de nombreux couples arrêtent leur histoire au moment où elle commence. Là où la passion s’arrête l’amour de l’autre commence. Là où les travers gênants se révèlent, il y a une invitation à la rencontre avec soi-même.

Plutôt que d’accomplir cette rencontre de l’autre et de soi-même, l’inconfort momentané (mais qui peut durer un peu quand même), pousse à abandonner le couple présent... et à aller vers quelqu’un d’autre.

Si la séparation n’était pas une fuite, le nouveau couple peut être excellent.
Si la séparation était une fuite il reste des attachements à l’ « ex » ! Le pire est que le nouveau couple ne tarde pas à révéler des similitudes avec ce qu’on avait fui dans l’ancien. Encore une fois, inconsciemment on ne le choisit pas au hasard.

Plus les situations se répètent, plus cela signifie qu’elles nous invitent à reconsidérer une part de notre histoire personnelle ou familiale que nous avons oubliée ou rejetée. Vous trouverez à ce sujet de nombreux détails dans la page psychothérapie.

VI) Les analogies familiales

Manque d’écoute : Il est étonnant de voir une personne se plaindre du manque d’écoute de son conjoint... alors qu’elle ne s’est jamais sentie écoutée par ses parents. On voudrait dire qu’elle n’a pas de chance !

Alcoolisme : Ou encore telle personne dont le père était alcoolique... et qui épouse un homme qui devient alcoolique.

Maltraitance : Ou encore tel homme qui, enfant, a subi des maltraitances de la part de sa mère... et qui épouse une femme qui s’avère violente avec leur enfant le jour où ils en ont un.

Enfant non reconnu : Ou encore cette femme dont le mari à reconnu un enfant d’un premier mariage alors qu’il n’en est probablement pas le père (et il le sait). Cette femme se sent anormalement bouleversée à chaque fois que cet enfant dit « papa » à son mari... or la grand-mère de cette femme a été enceinte de sa mère pendant la guerre et le grand-père n’a jamais reconnu cette enfant qu’il a pourtant élevée... car il n’a jamais cru qu’elle était de lui.Cet homme a souffert de croire cela et sa femme a souffert qu’il le croit et l’enfant a été élevée au milieu de cette détresse.

Quand une difficulté surgit dans un couple de façon récurrente, il est souvent judicieux d’examiner les similitudes dans l’histoire personnelle et familiale de chacun, afin d’y localiser les zones de blessure qui attendent . Ensuite on peut y accomplir les écoutes, réhabilitations et réconciliations correspondantes.

Alors ce qui au début avait l’air d’un problème disparaît, non pas parce qu’on l’a résolu, mais parce qu’il cesse d’être nécessaire.

VII) Voir ou imaginer l’autre ?

S’il faut savoir reconnaître tous les enjeux subtils ci-dessus, il ne faut pas omettre des choses simples. Parfois une situation de couple est difficile, juste parce qu’il y a des choses non dites ou mal comprises.

Cela se produit d’autant mieux qu’ il n’y rien de tel que « d’aimer quelqu’un » pour ne pas l’entendre. On le « connaît » tellement qu’on sait ce qu’il pense, ce qu’il va dire, ce qu’il ressent. Finalement on l’imagine plus qu’on ne le voit. On finit même, parfois, par ne plus être conscient de lui. Il est fondamental de ne pas penser à la place de l’autre même si on croit tout connaître de lui.

Rétablir la communication, accorder à l’autre que ses ressentis évoluent, changent. L’entendre dans ce qu’il a à dire, et non pas dans ce qu’on croit qu’il veut dire. Et ceci touche tous les thèmes de la vie de couple, dont naturellement la sexualité.

La sexualité est moins tabou aujourd’hui qu’il y a une trentaine d’années. Mais il reste du chemin. La libération sexuelle ne se mesure pas au nombre de partenaires (cela indiquerait plutôt une insatisfaction permanente). Être libre, c’est plutôt être capable de la vivre sans gène et d’évoquer, de parler avec son partenaire de ce qu’on ressent. C’est être attentif à ce qu’il ressent. Être capable d’aborder avec lui ce qui a trait au plaisir, sans que ça évoque un parfum de honte. Il appartient à chacun de voir ce qu’il peut accepter de dire ou d’entendre.

Peut-être faut-il une part de jardin secret ? Mais trop de secrets tuent l’amour. Rien ne vaut un partage libre et serein qui permet à chacun de vraiment rencontrer l’autre dans tout ce qu’il a de plus précieux, de plus intime, de plus aimant (mais aussi dans ce qu’il a en lui de plus inquiet ou blessé). Il faut pouvoir rencontrer l’autre dans toute sa dimension présente et passée. Le rencontrer et lui permettre de nous rencontrer.

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